Le compte rendu que nous avons publié sur l’ouvrage d’Idries Shah Les Soufis et l’Ésotérisme a paru dans le numéro 436 des Études Traditionnelles, daté de mars-avril 1973. Nous avons décidé de le reproduire pour trois raisons. La première est occasionnelle : face aux accusations du Forum “Retour à René Guenon” selon lesquelles nous aurions fait “un compte rendu laudatif du charlatan Idries Shah”, nous avons voulu montrer que ces imputations étaient calomnieuses ; comme elles sont accompagnées d’une référence précise, elles témoignent en outre d’une parfaite mauvaise foi.
La seconde raison est que les remarques de ce compte rendu n’ont rien perdu de leur actualité, ni au sujet de l’ouvrage lui-même, ni au sujet du courant de pensée dévié qu’il représente.
La dernière raison concerne l’attitude que M. Michel Rouge croit devoir adopter à notre égard. Depuis des années, il se plaint du “ton” de nos critiques qu’il juge, tantôt “intransigeant”, tantôt “polémique et supérieur”. Or ce ton ne diffère en rien de celui des quatre comptes rendus que nous avons publiés dans les Etudes de 1972 à 1974. A cette époque, Michel Vâlsan était à la fois Directeur Littéraire de la revue et notre Cheikh murshid. Force est donc de constater que M. Rouge entend substituer son autorité à celle de Michel Vâlsan. Nous le lui disons tout net : il n’a, pour cela, ni la compétence, ni la capacité intellectuelle nécessaire. Qu’il veuille donc bien demeurer à sa place et cesser de se mêler de choses auxquelles, de son propre aveu, il ne comprend rien.
Un autre procédé auquel il recourt est de ne voir dans nos mises au point doctrinales que des “querelles de personnes”, surtout lorsque ces mises au point tournent à notre avantage comme ce fut le cas, il y a quelques années, avec M. Chodkiewicz.
Tout aussi intellectuellement malhonnête est la dernière trouvaille de M. Rouge. Dans une note brève, littéralement sans queue ni tête, sur notre ouvrage La Papauté contre l’islâm, il croit pouvoir déceler une différence entre la première moitié où “tout semble clair et irréfutable” (au point qu’il parle même de notre “inspiration”) et la fin de l’ouvrage où, selon lui, “nous cumulerions les lourdeurs et les redites”. C’est là une distinction tout à fait arbitraire, mais bien commode lorsqu’on veut éviter, non sans une pointe de lâcheté, d’aborder des questions comme celle de la “contre-doctrine” que nous avons dénoncée, du sens islamique de la “prophétie des papes”, ou encore de la mise au point relative à M. Maurice Gloton. Pour M. Rouge, s’agirait-il également, d’une “querelle de personnes” ? Ou, pire encore, partagerait-il les thèses fort peu désintéressées de cet auteur au sujet de la mort du Christ ?
Décidément, cela devient une vraie manie chez nos adversaires. Si certains ne se gênent pas pour nous lancer des critiques à la pelle, tous ont en commun de ne souffler mot des doctrines traditionnelles dont nous sommes l’interprète. Ceci vaut non seulement pour M. Michel Rouge, mais aussi pour les deux auteurs qui ont réagi publiquement à notre étude Ordo ab Chao : M. André Bachelet et un certain “Jean Adler”. Nous voulons les assurer qu’ils ne perdent rien pour attendre car nous avons l’intention, à l’occasion d’un prochain ouvrage, de préciser très nettement certaines choses à propos de ce qu’ils ont écrit.
Abd ar-Razzâq Yahyâ